Reconvertir les friches : une démarche d’avenir

Longtemps considérées comme des fardeaux, les friches représentent désormais de véritables opportunités pour les territoires. Elles constituent en effet une importante réserve foncière et leur réhabilitation est porteuse de lien social, d’écologie et de développement économique.

Une approche différente du foncier

D’ici quelques années, l’utilisation du territoire pour les constructions sera encore plus restrictive. L’Europe et la France se sont en effet fixé un objectif de « zéro artificialisation nette » à l’horizon 2050, ce qui signifie qu’il ne sera plus autorisé d’artificialiser de nouveaux terrains sans compensation. De nombreux pays suivent la même voie, comme la Belgique où ce « stop au béton » est programmé en 2050 pour la Wallonie, et en 2040 pour la Flandre.

En mettant fin à la consommation de nouvelles terres, les autorités entendent stopper l’étalement urbain, mais pas la création de nouveaux logements et infrastructures nécessaires pour répondre à la croissance démographique. Il faut donc trouver des lieux alternatifs où construire, et les friches représentent un énorme potentiel à exploiter. En France, on estime par exemple qu’il existe entre 90.000 et 150.000 hectares de sites industriels à l’abandon, et ce en plus des nombreuses friches d’origine commerciale, militaire, administrative, etc.

La pollution, un risque à maîtriser

Les friches ne sont pas seulement intéressantes en raison de leur disponibilité, mais aussi grâce à leur superficie et leur localisation qui permettent très souvent d’y développer des projets mixtes mêlant logements, commerces, services etc…

Les démarches sont longues

Leur reconversion est cependant complexe : « Les démarches sont longues et il est rare qu’un projet de réhabilitation aboutisse en moins de 7 ou 8 ans », souligne Jean-Philippe Doutrelugne, directeur du développement chez Equilis. « Il existe souvent de nombreux enjeux mais côté risques, le plus important reste celui de la pollution. »

Les friches demeurent en effet marquées par leurs activités passées et peu de sites industriels ont été dépollués après leur abandon. La cause la plus fréquente est le manque d’argent, notamment au sein des autorités publiques qui ont hérité de ces lieux. La charge de la dépollution est donc généralement supportée par les promoteurs, pour qui cette étape implique des coûts importants mais aussi des démarches parfois compliquées.

Un processus vertueux

Comme la dépollution est une étape obligatoire, la reconversion des friches s’inscrit inévitablement dans une démarche écologique. Mais ce n’est pas son seul intérêt pour l’environnement et les collectivités : « La reconversion permet d’offrir un nouveau futur et une mixité à ces sites qui ont apporté des richesses à leur territoire pendant des dizaines d’années, puis sont rapidement devenus un poids à supporter pour la collectivité », poursuit Jean-Philippe Doutrelugne.

Ces effets bénéfiques pour le territoire et l’économie s’observent aujourd’hui en de nombreux endroits, notamment aux Papeteries de Genval en Belgique où une fabrique abandonnée a laissé place à un vrai quartier d’activité rassemblant près de 400 logements, une maison de retraite et 15.000 m2 de commerces. Au total, ce projet mené par Equilis a permis la création de 166 emplois. D’autres reconversions sont également en cours, comme à Marbehan en Belgique où le site d’une ancienne usine chimique sera transformé en quartier intergénérationnel, durable et 100% piéton. On peut aussi citer en exemple Valbonne, en France, où La Canopée mêlera des milliers de mètres carrés de bureaux, logements et espaces verts sur une friche immobilière où devaient initialement voir le jour des habitations et un hôtel.

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